Du 17 au 25 novembre 2012,
la Fédération Peuples Solidaires-ActionAid participait à la Semaine de la solidarité internationale en donnant la parole à Zakaria Sambakhe, spécialiste sénégalais des agrocarburants et des accaparements de terres.
Invité pour une tournée nationale, cet infatigable militant a été accueilli par nos groupes locaux à travers toute la France.
1. Quelle est l’ampleur des accaparements de terres au Sénégal ?
Ce phénomène nous a vraiment frappés de manière forte ces cinq dernières années, avec beaucoup d’annonces d’entreprises étrangères ou d’investisseurs nationaux qui veulent développer des grands projets sur des surfaces de
5 000 à 20 000 hectares. J’ai élaboré une cartographie recensant les accaparements annoncés et ils atteignent 440 000 hectares, dont 20 % pour la production d’agrocaburants !
C’est une conséquence de la politique du président Wade qui parlait de mettre au moins 200 000 hectares de terres
- 20 fois la taille de Paris - à la disposition des producteurs d’agrocarburants. Une politique que le nouveau gouvernement semble vouloir continuer et que nous contestons.
2. Quel travail effectuez-vous avec ActionAid Sénégal pour y faire face ?
D’abord, nous travaillons avec l’ensemble des organisations de la société civile, en priorité les organisations rurales réunies au sein du Conseil National de Concertation et de coopération des Ruraux (CNCR) auprès duquel je suis détaché par ActionAid.
Nous avons organisé, le mois dernier, un forum avec des représentant-e-s de communautés venu-e-s de tout le Sénégal qui ont demandé au gouvernement de soutenir l’agriculture familiale face aux accaparements. Surtout, au niveau local, nous sensibilisons les populations et les aidons à s’organiser à travers la création de comités de vigilance pour contester les projets qui ne leur bénéficient pas.
3. Quel bilan tirez-vous de votre tournée en France ?
Pendant cette tournée, j’ai eu l’opportunité de rencontrer des gens merveilleux, des militants très engagés, debout pour la même cause. Ce voyage m’a donné une autre image de la France car les politiques des États cachent le vrai visage des habitant-e-s.
Le fait que près de 40 000 personnes en France et 80 000 en Europe aient signé la pétition aura un impact fort sur les investisseurs et notre gouvernement, qui vont y regarder à deux fois avant de lancer de nouveaux projets.
De plus, les nombreux témoignages que j’ai pu faire dans les médias et auprès des député-e-s ont fait connaitre le problème des accaparements de terres au Sénégal et contribueront, je l’espère, à faire changer les politiques publiques actuelles.
